Dossier mobilité > 25 Mai 2016
Pile

Dossier hydrogène: Interview de Fabio Ferrari*

Fabio Ferrari, Président et Fondateur de Symbio FCell, revient sur la technologie hydrogène au service de l'électromobilité.
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Pourquoi avoir décidé de proposer des piles à combustible en prolongateur d’autonomie sur des véhicules électriques existants ? A qui s’adresse cette solution ?

J’ai créé la société Symbio après une année d’étude de marché faite avec le CEA autour de la technologie pile à hydrogène. Lorsque j’ai rencontrés le CEA, ils terminaient la validation d’une adaptation de la technologie au milieu automobile, en collaboration avec PSA – pour mémoire, le CEA a travaillé sur cette technologie depuis plus de 20 ans.

Les deux marchés que nous avons identifié lors de cette étude sont les prolongateurs d’autonomie pour véhicules électriques existants, et les camions. Dans les deux cas, cela répondait à une attente forte des villes qui ont un plan d’amélioration de la qualité de l’air. Or seuls les véhicules électriques permettent aujourd’hui d’être 100% propre à l’usage : aucun de NOx, ni polluants.

Deux technologies complémentaires existent pour stocker l’électricité : la batterie et hydrogène. Le choix dépend principalement du véhicule et du kilométrage quotidien. Dès que la tournée dépasse ou peut dépasser 130km, l’hydrogène se justifie. C’est aussi le cas des camions. L’hydrogène est plus léger, moins volumineux, mais aussi plus cher au kilomètre.

Chez les clients qui ont déjà fait le choix du véhicule électrique, nous permettons donc une transformation plus importante du parc diesel à l’électrique en prolongeant l’autonomie des véhicules électriques, le tout grâce à des véhicules de série, maintenus et connus, d’où le choix du Renault Kangoo ZE comme base de véhicule.

 

Existe-t-il un marché en France ? quelles sont vos perspectives d’évolution ?

Le marché est celui du véhicule « captif » car pour l’instant, l’infrastructure n’est pas assez développée pour les véhicules grand public. Nous commençons par le Renault Kangoo, mais bientôt d’autres véhicules seront disponibles pour répondre aux attentes de transport de personnes.

 

Depuis mai 2014, Michelin est entré au capital de Symbio FCell. Pourquoi selon vous cette diversification du géant du pneu ? Comment se déroulent vos relations avec l’équipementier ?

Tout d’abord, je voudrais dire que l’excellence de la collaboration entre Michelin et Symbio a été reconnue par la profession (AFIC/EY/ GreenUnivers) qui nous a décerné le prix Prix Cleantech du meilleur partenariat PME innovante / grand groupe. Nous avons en effet d’excellentes relations qui se situent à trois niveaux :

  • Michelin a pris des parts dans notre entreprise,
  • Michelin nous assiste dans nos programmes R&D,
  • Michelin nous accompagne dans l’industrialisation de notre solution.

Je vais faire un focus sur ce dernier point qui est de mon point de vue, unique. La structure IMECA de Michelin est spécialisée dans la fabrication de machine à faire des pneus. A partir d’un prototype ils sont capables de produire en série avec la qualité Michelin et la gestion des fournisseurs Michelin. Pour une start-up industrielle comme la nôtre, l’application de ce savoir-faire à nos produits a accéléré et sécurisé le passage du prototype à la série en moins d’un an. Nous avons mis au point et lancer cette production ensemble avec une efficacité redoutable.

Mais pour revenir à la stratégie, il ne s’agit pas à proprement parler d’une diversification du groupe Michelin. Cette initiative de prise de participation de Michelin dans le capital de Symbio FCell s'inscrit en fait dans la stratégie globale d'innovation du Groupe Michelin, et plus particulièrement de son Incubator Program Office. Ce programme accompagne et accélère la mise sur le marché de nouvelles innovations au-delà des domaines traditionnels sur lesquels le groupe Michelin innove et principalement dans la mobilité durable. Cet accord permet aussi à Symbio FCell de porter sur le marché les technologies développées par Michelin depuis 2003.

* Interview publiée dans le Journal Air Libre n°18 (avril-mai 2016)