Dossier hydrogène: Interview de Pascal Mauberger*
Au sein de l’AfHYPAC, vous représentez l’ensemble des professionnels travaillant pour le développement de la mobilité hydrogène en France. Quels messages portez-vous auprès des pouvoirs publics ?
Le message que nous portons au niveau de la filière est celui qui a sous tendu Hyvolution début février : avec plus de 650 participants et 22 stands partenaires, ce congrès a été un formidable succès qui démontre très clairement que l’hydrogène, c’est maintenant !
Un premier marché décolle, celui de la mobilité, avec les véhicules électriques à hydrogène. En complémentarité avec le véhicule électrique à batterie, pour les trajets dépassant 150 kilomètres, en interurbain par exemple, il est possible aujourd’hui de rouler dans des véhicules électriques à hydrogène, et de faire le plein tous les 400 – 500km en quelques minutes. Les véhicules existent et sont maintenant commercialisés. Les infrastructures de recharge se mettent en place, c’est parti ! Ce message commence d’ailleurs à être entendu par les pouvoirs publics : il est inscrit dans la loi de transition énergétique, et décliné dans Le plan de la Nouvelle France Industrielle avec des cofinancements attendus bientôt pour le développement de l’infrastructure.
Un second marché commence également à se développer: celui du stockage de l’énergie renouvelable locale. Ceci place l’hydrogène au cœur de la transition énergétique !
Vous êtes également président de McPhy Energy. En quoi vos stations hydrogène répondent-elles à une attente des territoires en matière de développement d’énergies renouvelables locales ?
Les territoires sont au coeur de la stratégie de McPhy. Tous ces développements de l’hydrogène, dans la mobilité en particulier, sont très fortement ancrés dans les plans de développement des territoires. Les régions, les départements, les agglomérations, voire les communes, démontrent un véritable engouement pour développer une mobilité durable, écologique, à leur échelle.
McPhy propose des stations de recharge qui sont à la fois abordables (à partir de 200 à 300 K€ contre plusieurs millions d’euros pour d’autres stations), capables d’alimenter une vingtaine de véhicules, et donc capables de trouver leur rentabilité avec des premiers déploiements de véhicules. Ces stations sont dans le même temps évolutives : en fonction du nombre de véhicules en circulation, il est possible pour la collectivité d’ajouter la production d’hydrogène par électrolyse de l’eau, tout en suivant la progression du nombre de véhicules en circulation.
Par exemple à Lyon, dans le cadre du projet Hyway, la première station va être remplacée l’année prochaine par une station plus grosse opérée par GNVERT, produisant l’hydrogène par électrolyse de l’eau. Cela permet à notre partenaire CNR, qui ne produit son électricité qu’à partir de sources renouvelables, de stocker ses pics de production en alimentant les véhicules non pas décarbonés, mais complètement acarbonés !
* Interview publiée dans le Journal Air Libre n°18 (avril-mai 2016)