Dossier mobilité > 21 Octobre 2015
Recharge

Infrastructures de charge: le maillage national

Dès le premier plan véhicules décarbonés issu du Grenelle de l’Environnement, la problématique de rassurer l’usager par la mise à disposition de bornes de recharge est apparue comme stratégique. Voulue par l’Union européenne, encouragée par l’Etat, elle met en scène également territoires et acteurs économiques, qui doivent se coordonner…
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Un maillage pour rassurer

C’est l’une des premières questions que se pose un automobiliste avant de faire le choix du véhicule électrique : vais-je pouvoir effectuer tous mes trajets avec une autonomie de 150km en moyenne ? La réponse est dans la question. Tous, non, l’immense majorité, oui, car 90% de nos trajets quotidiens font moins de 60km. Tout comme 95% des recharges s’effectuent soit au domicile, soit sur le lieu de travail. Il s’agit donc de développer une infrastructure de charge publique pour gérer l’exception, et effacer définitivement la peur de la panne.

 

Des obligations de l’Union européenne

Rappelons tout d’abord que la Directive Européenne du 22 octobre 2014 impose aux Etats membres d’installer un nombre de points de charge dit « suffisant » sur les axes routiers principaux d’ici à 2020… Afin d’assurer la continuité territoriale de la recharge sur le continent, une norme commune a été retenue : le type 2.

 

Une volonté politique forte

Bonne nouvelle : les politiques de gauche comme de droite se rejoignent sur la nécessité d’encourager le véhicule électrique. Née du Grenelle de l’Environnement puis des Etats Généraux de l’Automobile sous la Présidence de Nicolas Sarkozy, cette dynamique se poursuit aujourd’hui avec le plan Nouvelle France industrielle. Il faut dire qu’avec une production électrique particulièrement décarbonée et un constructeur national très impliqué sur le sujet, tous les ingrédients sont réunis pour faire de l’Hexagone un pays moteur en matière d’écomobilité... Ambition concrétisée dans le cadre de la Loi relative à la transition énergétique promulguée le 18 aout dernier avec l’objectif à horizon 2020 d’installer 7 millions de points de charge, publics et privés confondus.

 

A retranscrire sur le terrain

L’ADEME, au travers du programme investissements d’avenir, aide les collectivités qui souhaitent équiper leur voie publique. Elles peuvent ainsi prétendre à un cofinancement de 50% du coût d’installation pour une recharge lente, et 30% si elle est rapide. Il faut pour cela répondre à certains critères, comme la mise à disposition de données dynamiques permettant une gestion de la borne à distance, ou la gratuité du stationnement, ce qui permet d’assurer une certaine cohérence nationale. Notons pour autant que celui ci a évolué avec le temps : les collectivités qui répondent aujourd’hui n’ont pas les mêmes obligations que celles qui ont répondu il y a deux ans…

 

Associer les acteurs privés

Côté entreprises, certains ont naturellement intérêt à développer ce maillage.

Rappelons que la majeure partie des bornes de charge aujourd’hui installées en France sont opérées par Bolloré, dans le cadre de ses services d’autopartage à Paris, Lyon et Bordeaux.

Les constructeurs proposant des véhicules électriques, bien sur, avec en tête l’Alliance Renault-Nissan, qui après voir équipé la quasi totalité des concessionnaires propose désormais à certaines collectivités, syndicats d’énergie et entreprises disposant d’une implantation stratégique, telles que Auchan et Ikea, de leur offrir des bornes de recharge rapide.

Les énergéticiens, naturellement. EDF a ainsi créé une filiale, SODETREL, en charge du déploiement des infrastructures et des services associés. Un projet européen, Corri-Door, dont la première borne a été inaugurée le  1e octobre 2015 à Courbevoie, vise à assurer un maillage optimal de recharges rapides sur les principales voies d’autoroute. La Compagnie Nationale du Rhône (CNR) installe, quant à elle, 27 stations équipées de deux bornes tout au long de la vallée du Rhône.

Les parkings, également. Même si les contraintes de sécurité sont plus importantes, il convient de relever de belles initiatives locales par exemple Lyon Parc Auto, ou PARCUB à Bordeaux, ou PARCUS à Strasbourg, et des déploiements nationaux chez Effia (gares SNCF) ou encore VINCI Park.

Et la liste est non exhaustive, bien entendu : sociétés d’autoroutes, constructeurs immobiliers, acteurs de la grande distribution… Les acteurs économiques sont nombreux, et il est difficile pour l’utilisateur de suivre l’arrivée de nouveaux points de charge. Un réseau social s’y emploie : chargemap. Il recense les bornes et fait remonter les éventuels dysfonctionnements. Reste maintenant à gérer les données dynamiques…

 

Des défis à relever

Quel que soit l’endroit où vous vous déplacez, vous souhaitez pouvoir vous brancher sans avoir à changer de carte d’abonnement, savoir si la borne est disponible et possiblement pouvoir la réserver. Toute cette intelligence nécessite un échange de données entre les bornes, les véhicules et le réseau. C’est le rôle du GIREVE (Groupement pour l'Itinérance des Recharges Électriques de Véhicules) qui travaille avec l’AFIREV (Association Française pour l'Itinérance de la Recharge Électrique des Véhicules) pour assurer l’interopérabilité des bornes.

 

Rendre plus visibles les points de charge  

Plus terre à terre, rappelons que l’objectif premier de ce déploiement est de rassurer l’utilisateur. Si l’Etat aidait à déployer la signalétique autour des bornes, donnant ainsi le sentiment sur la route qu’elles sont omniprésentes, nul doute que les deniers publics seraient bien investis. C’était l’une des propositions du Club des Voitures Ecologiques avec la création d’un organisme spécifique pour le déploiement de la signalétique liées aux infrastructures de recharge.

                                                                                                                                                                                                                                                             La rédaction du Forum