Dossier hydrogène: Interview de Philippe Bas*
Pourquoi votre département a-t-il fait le choix de l’hydrogène dans la transition énergétique qu’il a engagé ?
La Manche a fait très tôt les choix, d’abord de prendre le virage de la transition énergétique en s’appuyant sur la production des énergies marines renouvelables grâce à son formidable potentiel en la matière et ensuite de s’appuyer sur les technologies liées à l’hydrogène comme moyen de stocker cette énergie produite. Les usages futurs de l’hydrogène sont multiples mais le premier d’entre eux est la mobilité. Je crois que l’hydrogène sera l’un des moteurs de la troisième révolution industrielle. Aussi nous nous sommes résolument engagés pour faire de la Manche un véritable démonstrateur territorial de l’économie de l’hydrogène.
Quelles sont les actions de votre territoire pour favoriser son développement, notamment dans la mobilité ?
Dès janvier 2015, la Manche est entrée dans sa première phase de concrétisation puisque le conseil départemental a été la première collectivité française à s’équiper d’une station de distribution d’hydrogène destinée à alimenter plusieurs voitures à hydrogène venues renforcer la flotte des véhicules de la collectivité. Nous nous sommes équipés de dix véhicules utilitaires de type Renault Kangoo Maxi ZE équipés de prolongateurs d’autonomie fonctionnant à l’hydrogène de la société Symbio FCell et de cinq autres véhicules légers de type Hyundai ix35 Fuel Cell. D’autre part, le Service départemental d’Incendie et de Secours de La Manche (SDIS 50) s’est équipé lui aussi de deux véhicules fonctionnant à l’hydrogène. Notre initiative a été remarquée et c’est ainsi que grâce aux fonds européens, une quinzaine de stations hydrogènes sont programmées à la construction en Normandie pour 2018. Enfin en février 2016, une nouvelle étape dans le processus de démonstration de la mobilité hydrogène a été franchie avec le développement dans notre département du projet BHYKE qui vient de recevoir le soutien de l’ADEME dans le cadre de l’appel à projets qu’elle a lancé, un projet qui a pour objectif de tester en conditions réelles des nouveaux moyens de mobilité vélo électrique-hydrogène et leurs infrastructures associées. De tels vélos vont être mis à la disposition des offices de tourisme de Cherbourg et Saint-Lô ainsi que d’une association d’insertion professionnelle.
* Interview publiée dans le Journal Air Libre n°18 (avril-mai 2016)