2 roues > 25 Octobre 2016
DeuxRoues

Mobilité durable : Interview d'Eric de Seynes*

Eric de Seynes, Directeur général des opérateurs et membre du Comité exécutif de Yamaha Motor Europe, Président de la branche motocyle de la CSIAM fait le point sur le deux-roues motorisé en tant qu'élément de mobilité durable.
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En tant que Président de la branche Motocycle de la CSIAM, quelle est selon vous la place du deux-roues motorisé parmi les solutions de mobilité ?
Si l’on parle de mobilité individuelle et urbaine, la place du 2RM, sous toutes ses formes de motorisations possibles, devrait être absolument favorisée et privilégiée avant tout autre. Que cela soit par son encombrement réduit, son coût d’accès mesuré, sa praticité et sa sécurité, le 2RM moderne, qui répond à toutes les normes d’homologation actuelles - freinage couplé et/ou ABS, normes d’émission EURO-4, contrôle de motricité - représente la solution idéale.

 

Selon vous, quelles sont les pistes d’actions qui pourraient être mises en œuvre par les pouvoirs publics au niveau local et national pour accompagner le secteur ?
Il convient tout d’abord d’aider les pouvoirs publics à mieux comprendre ce qu’est le secteur du 2RM aujourd’hui. La majorité du monde politique voit encore, et trop souvent, notre secteur à travers l’image de véhicules bruyants, polluants, peu sûrs et encourageant des comportements inciviques. L'image du coursier pressé sur son scooter mal entretenu a fait beaucoup de mal à notre secteur.
La réalité est toute autre, à savoir que nos véhicules sont aujourd’hui équipés des dernières technologies, les moteurs 2-temps ont presque complètement disparu de notre paysage industriel et la baisse de l’accidentalité en proportion du parc actif roulant a été de l’ordre de -65% sur les 15 dernières années, chiffres tout à fait comparables à ceux de l’automobile sur cette même période.
Lespouvoirs publics doivent donc comprendre qu’il convient de faciliter l’usage de nos véhicules et de féliciter leur usage dans un environnement plus sûr. On parle ici par exemple : de parkings 2RM adaptés, de mise en place de bornes de recharge propres aux 2RM électriques dans les infrastructures urbaines, de marquages au sol permettant aux 2RM de se regrouper aux feux rouges en avant des véhicules 4-roues, de permettre des remontées de file confortables, c’est à dire aménager une largeur de voie suffisante pour les voitures et les remontées de file des 2RM, de tolérer, aux heures de pointe (8-10 heures et 17-19 heures), l’usage des couloirs de bus à vitesse limitée. Il faudrait aussi veiller à ce que les aménagements de la voierie et des mobiliers urbains tiennent compte de la vulnérabilité des usagers des 2RM.

 

Comment les constructeurs de deux-roues motorisés s’adaptent-ils au défi environnemental ?
Les constructeurs s’adaptent en permanence à travers 4 directions :

  • Réduction de la consommation des véhicules à performance comparable,
  • Réduction des émissions polluantes associées au fonctionnement de nos moteurs thermiques,
  • Développement progressif de véhicules utilisant des motorisations électriques,
  • Développement des matériaux recyclables dans le cadre de la construction de nos véhicules
  • La réduction du poids de nos véhicules est également très positive pour l’environnement.

 

Comment appréhendez-vous l’émergence de nouveaux usages comme le co-motorage et les services de deux-roues partagés ?
En ce qui concerne du co-motorage, il restera très limité, car un équipement adapté est nécessaire, la confiance dans le pilote joue un rôle, tout comme le fait que la convivialité de rouler à deux dans un environnement urbain, sans pouvoir se parler, est bien moindre que celle du co-voiturage.
Par contre, les constructeurs, d’une manière générale sont attentifs dans leur intention d’accompagner des initiatives innovantes qui existent déjà : des applications pour portables tout à fait adaptées, des initiatives comme le fait la société MOBER sont intéressantes, et nous venons, avec Yamaha, de lancer par exemple un service de 3-roues partagés à Rome avec une flotte de plus de 300 véhicules. Le 3RM ayant l’avantage de séduire une clientèle souvent néophyte, rassurée par sa stabilité.
Ces solutions de service partagé nous semblent être le complément idéal des transports en commun, afin d’assurer les derniers kms jusqu’à destination.
Jamais les acteurs industriels du 2RM n’ont été aussi prêts et matures dans la manière d’aborder et d’accompagner la facilité du développement du 2RM en accord et partenariat avec les élus locaux et les services publics.