Interview de Henri de Maublanc*
Vous avez participé à la création du service de livraison urbaine La Tournée, quelle a été votre motivation et quelles sont les promesses de ce service ?
La motivation est celle d’entrepreneurs concernés par l’efficacité logistique dans les villes avec des impératifs en matière d’amélioration de la qualité de l’air et de décongestion des centres urbains mais aussi la création d’emplois. Notre démarche s’est construite en réponse aux problématiques amenées par le développement du commerce en ligne c’est-à-dire l’accroissement des colis particuliers et la déstabilisation des commerces de proximité qui ne bénéficient pas d’une logistique de livraison à domicile. De la même façon que ce qui s’est passé dans le secteur des télécommunications, nous avons pensé qu’il était intéressant d’offrir un service de mutualisation du dernier segment de livraison qui pourrait s’opérer à pieds avec un coût acceptable que nous avons évalué à 1,5-2 euros. Ce système repose sur plusieurs paramètres, au premier rang desquels la mise en place d’un traitement de l’information en temps réel permis par les nouvelles technologies. Le service se construit par ailleurs autour de structures humaines peu hiérarchisées avec une intégration des commerces de proximité et la création d’un rapport de confiance fort avec les habitants des quartiers. L’expérience menée pendant deux ans a permis de valider ces deux postulats.
Suite à une première expérimentation menée dans un quartier de Paris, quelles sont, selon vous, les freins au développement de ce service sur l’ensemble de la ville ?
Pour installer le système il faut agréger des flux de livraison importants incitant, par là, les autres acteurs à rallier cette démarche. Un des défis de ce service est de mutualiser le dernier kilomètre tout en permettant à chaque opérateur logisticien de conserver son identité dans un secteur très concurrentiel. Les nouvelles technologies qui permettent de proposer un nouveau système de gestion commune du dernier kilomètre qui prenne en compte les impératifs des différents opérateurs. La Tournée doit être perçue comme un acteur neutre avec des objectifs qui se rapprochent de ceux de la ville : moins de pollution, moins d’encombrement et plus d’emplois. La Ville de Paris semble aujourd’hui prête à appuyer le développement de ce projet et nous a demandé un plan opérationnel.
* Interview publiée dans le Journal du CDKL n°12 (Printemps 2016)
