Interview de Mats Gunnarson*
Scania a mis au point une motorisation pour véhicules industriels compatible à l’éthanol produit par Raisinor. Quelle a été votre motivation à travailler sur ce nouveau carburant ?
Notre origine suédoise fait que depuis très longtemps, la protection de l’environnement fait partie intégrante de la chaîne de valeurs que nous mettons en place, de la conception de nos produits, à leur fabrication, leur utilisation, leur entretien et leur recyclage.
Dans le portefeuille de camions, de cars, de bus et de moteurs industriels et marins que nous mettons à disposition de nos clients, plusieurs solutions alternatives à la motorisation diesel sont disponibles.
Nos clients sont de plus en plus nombreux, soit par stratégie d’entreprise, soit sur requête de leurs propres clients, à vouloir utiliser des solutions de motorisation autres que le diesel : l’éthanol en est une.
Nous disposons donc aujourd’hui d’un moteur conforme à la norme Euro6 actuellement en vigueur, déclinable sur les camions, les cars et les bus.
Ce carburant est déjà utilisé en Suède, notamment dans les bus de Stockholm, quel en est le bilan ? Des expérimentations ont-elle déjà été menées en France ?
Nous avions là un paradoxe : depuis plus de 20 ans, la ville de Stockholm utilisait l’éthanol pour la propulsion de ses bus. La société Raisinor en était d’ailleurs un des fournisseurs. Dans le même temps, l’utilisation de ce carburant était interdite en France. C’est-à-dire que pendant plus de 20 ans, la France à produit et exporté de l’éthanol par défaut d’adaptation de sa législation.
Nous avons entrepris il y a plus de 7 ans, une demande d’inscription de ce carburant dans la liste des carburants autorisés en France. C’est chose faite depuis le 19 janvier dernier.
Mais pendant toute cette période et avec l’accord de la DGEC (Direction Générale de l’Energie et du Climat), nous avons testé avec l’aide de Raisinor un bus à l’éthanol dans les villes de Reims et d’Angers, et l’exploitation sur une longue période de 3 camions de distribution à Paris et en région parisienne.
Nous avons pu valider en France les constats qui avaient été établis en Suède, à savoir l’extrême fiabilité du matériel, la très grande facilité de mise en oeuvre et de stockage de l’ED95, et surtout la réponse de cette solutions aux enjeux d’aujourd’hui de protection de l’environnement.
* Interview publiée dans le Journal du CDKL n°12 (Printemps 2016)