Interview de Jérôme Budua*
Vous êtes à l’origine d’un nouveau biocarburant issu de résidus viniques pour les véhicules poids lourds, quelles sont les promesses de ce carburant ?
Raisinor est une société coopérative d’intérêt agricole (SICA) qui rassemble la quasi totalité des distilleries vinicoles de France. Ce biocarburant est produit à partir des résidus issus du pressurage du vin que nous récupérons au sein des distilleries. Nous sommes donc dans une logique de recyclage et d’économie circulaire qui permet de créer de la valeur tout en donnant un débouché aux résidus viniques.
Par ailleurs, une analyse cycle de vie qui prend en compte l’ensemble des étapes de vie du carburant, de la collecte des matières premières à l’utilisation du produit final, a permis de mettre en évidence une réduction de 85% des émissions de gaz à effet de serre et de 50% de NOx par rapport au diesel. Ce carburant n’émet en outre, aucune particule.
Quelles sont les perspectives de développement et les éventuels obstacles qu’il reste à lever ?
Comme pour tout nouveau carburant, il faut d’abord obtenir l’homologation qui autorise la mise sur le marché. Pendant 12 ans nous avons exporté ce carburant produit en France vers la Suède parce que nous n’avions pas les autorisations de mise sur le marché français.
Nous avons mené plusieurs expérimentations en France en partenariat avec le constructeur de poids lourds Scania. Nous avons finalement obtenu l’autorisation le 19 janvier dernier. Nous avançons donc. Nous sommes en train de créer une unité de déshydratation à Labarthe-Inard (31) qui nous permettra de maîtriser toute la production de ce biocarburant et de proposer un produit 100% local. Il s’agit désormais pour nous de faire connaître ce nouveau carburant en France pour trouver des débouchés dans les flottes poids lourds type bus, cars et camions.
Quelle relation entretenez-vous avec la filière viti/vinicole ?
Ce sont nos fournisseurs en quelque sorte puisque c’est auprès d’eux que nous récupérons notre matière première i.e. les marcs de raisin et lies de vins. Nous travaillons donc en proche collaboration avec les viticulteurs, les caves particulières et coopératives. Ce nouveau biocarburant est intéressant pour tous les acteurs de la viniculture puisque qu’il permet de valoriser l’ensemble de la filière. Aussi, nous espérons être en mesure de trouver des débouchés en cohérence avec notre ancrage territorial dans les régions vinicoles.
* Interview publiée dans le Journal du CDKL n°12 (Printemps 2016)